Mondiaux de Londres, Interview de Daniel Arcuset, chef de délégation

Bonjour Daniel, tu étais chef de délégation lors des derniers championnats du monde à Londres. Merci de nous accorder cette interview et tout d’abord quel est ton bilan général et personnel de ces championnats du monde ?
Très bon bilan !
Avec néanmoins une prudence d’annonce initiale en conférence de presse Président-DTN en ouverture des championnats mais l’affirmation aussi que nos ambitions de réussir ces championnats était totale ainsi que la motivation des athlètes, car nous avions la réelle conviction qu’il y avait du potentiel pour chacun des athlètes de cette belle équipe de France.

Oui, on a pu reprocher au DTN de ne pas avoir fait d’annonce chiffrée du nombre de médailles escomptées. N’aurait il pas été mieux de le faire au vu de ces bons résultats finalement ?
Non, car sur ces championnats nous ne voulions pas « focaliser  » sur les seuls médaillables ou potentiels finalistes en oubliant ainsi les autres pour qui l’enjeu était tout aussi important dans la perspective 2020/2024 pour l’Equipe de France.
Nous avons ainsi pu avoir confirmation de ce potentiel après ces 5 médailles qui auraient pu être plus nombreuses encore (quatre 4e places par exemple !) et également douze finalistes dont 3 relais sur 4 (et le 4×100 Femmes 9ème à 1/100 !) ainsi que de nombreux demi-finalistes (ou présents au second tour)

Et concernant la délégation en général, les hommes et les femmes la composant ?
Nous avons eu une délégation sereine, concentrée vers l’objectif et solidaire de la réussite de tous, chacun bien dans ses missions et fonctions.
Nous appréhendions bien sûr un peu cette première grande compétition Mondiale également en cette  première année du mandat, tant en raison du retard dans la préparation de certains de nos athlètes que parce qu’on se savait un petit peu « attendus ».
Aussi au final cela a été une pleine satisfaction pour le collectif d’avoir su préparer et gérer cela avec un esprit conquérant… dans le prolongement de la magnifique 3ème place acquise de haute lutte lors Championnats d’Europe par équipes en Juin à Lille.

Quel a été pour toi le meilleur moment de ces championnats ? La victoire de Pierre Ambroise Bosse peut être ?
Je ne saurais dire tellement il y en a eu chaque jour. Mais effectivement ce mardi 8 août a été d’une rare émotion avec l’ouverture du compteur de médailles, après des premiers jours moins favorables : donc oui la victoire magistrale de PAB et la belle 3ème place arrachée de Renaud Lavillenie auront été un moment privilégié.
Puis ensuite vinrent bien sûr les autres médailles également (Mélina Robert Michon, Kevin Mayer et Yohan Diniz) ainsi que chaque athlète entrant en 1/2 finale, en finale, accédant au podium, ou encore se livrant totalement pour passer un tour. Tout cela nous aura apporté son lot de réjouissance et de satisfaction.

A l’inverse quel aura été le moins bon moment pour toi ?
Pas de mauvais moments en particulier. Une chance.
Même lors de la mise en quarantaine de certains athlètes dont un de la délégation française qui présentait quelques symptômes de troubles gastriques.
Mais de gros stress ou de moments d’angoisses oui, comme avec le concours de Perche de Renaud Lavillenie ou encore celui de Kevin Mayer.
Mais quel bonheur et explosion de joie après ces barres franchies !
Quelques moments de frustration aussi bien sûr pour les quatre 4ème places de Darien Garfield, Mahiedine Mekhissi, Quentin Bigot et le 4*400 féminin, ou encore les 9 ème places du 4×100 Féminin et de Christophe Lemaitre, la chute de Yoann Kowal qui aurait pu jouer un réel rôle en finale, ou encore la 13ème place de notre discobole Lolassonn Djouhan… Mais tout cela laisse plein d’espoirs pour les futurs grands championnats !

Dans le même ordre d’idée, l’oubli de son passeport par Pierre Ambroise Bosse ? Gros stress aussi pour le chef de délégation ?
Non pas spécialement. Ces sujets sont récurrents en équipe de France (oubli, perte) et les bons comportements de gestion en urgence ou d’anticipation parmi les membres de l’encadrement pallient à ces soucis, le plus souvent expérience aidant.

Toujours en ta qualité de chef de délégation, la gestion du staff a-t-elle pu être difficile parfois ?
Il n’y a pas eu lieu à gestion du staff et cela doit être ainsi.

Ah bon, pourquoi ?
La satisfaction a été que tout le monde se soit donné comme il le fallait dans le travail qui était le sien et dans des fonctions parfaitement maîtrisées.
Chacun a été indispensable à la réussite collective de ces championnats.
DTN, DTN Adjoint, staff référents de spécialités, staff Entraîneurs, staff Médical. On pourrait, devrait tous les citer mais en particulier Geraldine Zimmerman (Vie de l’Equipe de France), Medhi Baala (Directeur Performance), Jean Sébastien Ménigoz (Manager logistique), Cécile Veyrier (Coordination Coachs Perso), Adian Verdugo (Attaché de Presse), Souad Rochdi (Directrice Com’ et Marketing) auront fait un travail remarquable au détriment de leur nombre d’heures de sommeil.
De la même manière, les élus du Comité Directeur FFA, Anne Tournier Lasserve (2ème Chef de Délégation), Jean Thomas Trésorier, Jean Yves Le Priellec Délégué Technique et moi même aurons eu le bonheur d’être pleinement dans notre rôle et de le tenir au sein de cette délégation.

Quelle est la mission et action d’un chef de délégation dans ces conditions ?
Multiple mais en premier lieu, avoir toutes les infos, savoir tout ce qui se passe, tout ce qui est mis en oeuvre au quotidien par les personnes en charge, ainsi qu’être disponible, savoir être à l’écoute, encourager, réconforter, et conseiller, sans empiéter sur d’autres prérogatives. C’est aussi rappeler ou attirer l’attention sur certaines informations, c’est le quotidien d’un chef de délégation. Dans cette logique de disponibilité totale avoir deux chefs de délégation qui se complètent est aussi un atout indéniable pour ce type de grand championnat, car sa principale fonction est bien sûr de pouvoir faire face si besoin à tout dysfonctionnement éventuel.
Enfin le protocolaire est aussi une préoccupation constante du chef de délégation. Il est le représentant de la FFA et de son Président auprès des autres chefs de délégations, des instances du Comité Olympique et de l’IAAF, mais aussi auprès des partenaires FFA présents et si besoin des services locaux (Police-Staff de l’Hotel de résidence comme cette année), et ce, à tout moment.

Quelques réceptions aussi ?
Oui des réceptions diverses comme celles avec le grand patron d’Asics cette année (voir photo) font parties aussi des obligations de présence ou de participation du chef de délégation. Au final c’est près de 18h sur 24,  tournées vers l’objectif du bien vivre au quotidien de l’Equipe de France pour chacun et la réussite sportive visée. Pas trop le temps de faire du tourisme…

Tu évoques dans cette structure, l’apport de Mehdi Baala. Quelle a été donc sa fonction exacte lors de ces championnats ?
Il coordonne et agit en faveur de tout ce qui va permettre et faciliter la performance. Son expérience du  très haut niveau lui sert et sert l’Equipe de France. Son travail de fond et de proximité est d’une réelle efficacité, avec le recul, la mesure et justesse nécessaires pour cette mission car c’est une position transversale pour interagir au mieux avec les athlètes et leurs staffs (l’exemple d’un PAB serein pour sa finale en est quelque part un témoignage).

Mais encore, au delà de ça ? Concrètement ?
Concrètement il est à la convergence des infos de chacun pour optimiser ce qui peut ou doit l’être. Il travaille aussi à la préparation et à la logistique des stages de l’Equipe de France en amont et bien sûr en coordination/délégation pour la DTN et avec le souci budgétaire qui convient…
Aussi plus précisément pour ces championnats, il aura constitué un maillon indispensable à la réussite de l’Equipe de France. Enfin, pour préciser les choses, ses missions ne datent pas que de cette année car cela fait maintenant 3-4 ans qu’il est dans ces fonctions transversales de la direction de la performance.

Et maintenant Berlin 2018 ? Quelles perspectives s’offrent à l’équipe de France après ces bons mondiaux ? Avez vous fait un bilan organisationnel de ces mondiaux londoniens par ailleurs ?
Berlin 2018 oui mais aussi Birmingham cet hiver (pour n’évoquer que la piste!)
Il n’y a pas eu de bilan organisationnel à chaud, car il sera fait par la DTN et pour le bureau fédéral début septembre.
Pour avoir été de bien d’autres campagnes anté 2009, j’aurai pour ma part constaté lors de ces mondiaux un encore plus grand professionnalisme de l’ensemble des acteurs de l’encadrement de l’Equipe de France et une belle sérénité malgré les enjeux et la pression que cela suppose.
C’est de ce côté que nous devons accentuer l’effort pour mettre les athlètes dans les meilleures conditions sociales, matérielles et psychologiques possibles tout au long de leur « carrière » et dans l’antichambre d’accès au Haut Niveau.
Le professionnalisme s’inscrit aussi dans cette facette de l’accompagnement à la Haute Performance.